L’Administration, comme toute autre organisation, est mue par une certaine rationalité qui se manifeste à travers la planification, l’exécution et le contrôle de l’action publique. A tous les niveaux essentiels du processus décisionnel, l’information fonde les choix, les analyses et les hypothèses d’actions, bref, les scénarii d’efficacité de la logique administrative. La rationalité de ce processus dépend, en grande partie, de l’information, ressource majeure de l’action administrative. L’information circule entre les niveaux hiérarchiques et participe à la mise en cohérence des rapports.
L’information est partie intégrante de l’organisation et du fonctionnement politicoadministratif.
En effet, la réalisation des missions de service public fait appel, en permanence, à l’aptitude des agents publics, aussi bien des supérieurs que des subordonnés, à la communication fondée sur l’écrit administratif. Il en résulte, pour eux, l’obligation de maîtriser le style administratif et des techniques rédactionnelles y afférentes. D’où la pertinence du propos de Yolande Ferrandis : « Le langage joue un rôle important dans le fonctionnement du service public, dans sa façon de communiquer. Le choix précis de mots justes et l’usage correct de la grammaire améliorent la communication dans l’Administration. ».
La rédaction administrative demeure l’une des clés pour asseoir la fonction de relations publiques. Les écrits administratifs établissent, par le sens, des relations entre les agents administratifs eux-mêmes ou entre les agents et les usagers du service public. C’est pourquoi, la bonne application des normes de transcription de la langue est un impératif pour tout agent appelé à s’exprimer au nom et pour le compte de l’Administration publique.
Les exigences de l’écrit sont strictes. Les normes de grammaire, de conjugaison et de vocabulaire doivent être bien connues et rigoureusement appliquées. Le respect des lois grammaticales et l’emploi du mot juste et précis rendent l’information claire et accessible au public. Particulièrement, les rapports entre la syntaxe et la logique ne doivent pas être ignorés. Comme on l’a si pertinemment dit, « une faute de syntaxe manifeste presque toujours (ou dissimule) une faute de logique, qui est, elle, la syntaxe de la pensée ».
Le présent ouvrage porte sur la rédaction administrative. Celle-ci peut être définie comme étant le moyen utilisé par les services de l’Administration pour transmettre ou recevoir des messages écrits à caractère officiel, conformément à des usages identifiés et codifiés. Elle met en oeuvre un ensemble de techniques, de procédés et de marques linguistiques pouvant se traduire sous forme d’instructions, de notes, lettres, rapports, comptes rendus, circulaires, etc.
Sur cette question, la constante est que la préoccupation de masquer des insuffisances dans la maitrise des techniques rédactionnelles incite à faire l’éloge de la dérigidifcation des normes administratives. La « culture du rabais » n’est pas la solution. La capacitation initiale et continue des agents de l’Administration est la démarche souhaitable dans le but de parvenir à une homogénéisation viable du style administratif. L’application, à tous les acteurs administratifs, de normes communes définies par l’autorité gouvernante constitue un impératif.
C’est sans doute l’objectif recherché à travers la publication de cet ouvrage. Il s’agit de consolider les exigences spécifiques de la rédaction administrative que sont, en particulier, la familiarisation avec le français et la prise de conscience de la complexité des règles de présentation et d’écriture des textes administratifs.
En clair, le présent ouvrage, consacré à la rédaction administrative au Sénégal, est au service de la systématisation des règles de production de l’écrit administratif. En ce sens, il constitue une contribution à l’intelligibilité du style administratif comme facteur de rationalisation de l’action administrative.
Ainsi, quatre axes d’étude déterminent la progression de l’ouvrage, à savoir le bon usage de la langue (chapitre 1), le style administratif (chapitre 2), les documents administratifs (chapitre 3) et la légistique (chapitre 4).
Auteur : Meïssa DIAKHATE
Enseignant-Chercheur
Faculté des Sciences juridiques et politiques
de l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar
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