Publié par la Revue africaine des Finances publiques (RAFIP), n° 9, Premier Semestre 2021, pp. 8- 47.
La question de la performance constitue un point d’attention dans l’analyse systémique de la problématique des finances publiques contemporaines. Intrant de qualité dans la gouvernance démocratique, l’utilisation des ressources publiques implique que les citoyens, les usagers et les contribuables, désormais considérés comme des « clients », profitent des services publics délivrés, dans la transparence, par les administrations publiques. La quête de la performance devient en quelque sorte un défi de justice sociale. Cette pensée interroge manifestement l’idée que les libertés de base étant garanties, il reste à institutionnaliser le principe d’égalité dans la répartition des avantages matériels. On en arrive ainsi à tracer la ligne directrice d’une réflexion sur les rapports entre la réforme de l’Etat et les finances publiques. Pour l’avoir bien enseigné dans le contexte français, Michel Bouvier est d’avis que « la LOLF ne peut être mise en oeuvre avec succès qu’en tenant compte de la réalité administrative à laquelle elle doit s’appliquer ». On peut ainsi comprendre que la gestion publique soit alors alignée sur des prétentions d’efficacité, d’efficience et d’amélioration de la qualité du service public, en cohérence avec des objectifs planifiés. D’ailleurs, « ce n’est pas parce qu’une dépense est publique qu’elle est socialement utile (et il ne suffit pas de montrer que sa finalité est légitime, ce qui est la moindre des choses) : dans une démocratie, l’utilité d’une dépense publique ne se présume pas, mais doit en permanence se prouver ». Plus qu’auparavant, « la logique et les modes de l’action publique sont en train de se transformer profondément ».
Les leviers traditionnels d’une action publique gouvernée par les moyens ne suffisent plus à assurer l’utilisation transparente des deniers publics et l’accès équitable aux services publics. Bien plus, l’explosion de la demande adressée aux pouvoirs publics a fini d’ébranler le confort d’une administration garnie de prérogatives de puissance publique. Sans doute la conception de la gestion publique est-elle appelée à évoluer en vue de répondre aux exigences de la performance. Dans cette perspective, la réforme des processus gestionnaires est manifestement inéluctable. Le budget doit non seulement mettre en avant les moyens liés à l’action publique, mais également justifier la répartition des allocations par rapport à la réalisation d’objectifs définis ex ante pour chaque poste de dépense.
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Par Meïssa DIAKHATE
Maître de Conférences agrégé
Faculté des Sciences juridiques et politiques
Université Cheikh Anta Diop de Dakar / Sénégal
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