On entend et on lit tous les jours des discussions, des controverses, des prises de position, des avis et même des injonctions sur le sort du Sénégal à partir du 2 avril. Cela fait peur, les sénégalais ont peur, LA GRANDE PEUR S’INSTALLE SUR LE SENEGAL. Normal que l’on soit inquiets, car toute fin de règne et de cycle est une période de doute. Le droit s’écrase ou est écrasé. La loi est tournée en marionnette, les politiques tombent en syncope schizophrénique. Le peuple se lève et attend. Il y a des solutions, mais on ne sait pas où est le problème. Le Sénégal tourne à vide. On ne lit plus la constitution, on ne sait plus ce que c’est que la République, on accuse l’Etat et on le dédouane. On défend mal l’Etat car on confond ses propres intérêts partisans et corporatistes, voire familiaux , claniques et tribaux avec ceux de la République. Il y a plus de républicains déclarés que de publics. On gesticule, on ment, on menace, on vole, on accuse. Bref on ignore le sens du droit, de la loi, de la morale, on ignore le pouvoir de Dieu et des ancêtres, on ignore les lois de la nature et le bon sens de l’humain.
Pourtant, on évoque la constitution et la loi, sans aller jusqu’au bout. Une loi, on l’interprète en fonction d’une réalité du moment, une loi est collée à l’instant, à l’état actuel d’une société., à son univers mental. Nous sommes le 3 mars, à moins d’un mois du 2 avril. Le mandat du Président de la République expire dans moins d’un mois. Autant le Président n’était pas bienvenu à reporter une élection la veille d’une campagne électorale, autant il ne peut pas ou ne doit pas démissionner la veille de l’expiration de son mandat. En outre, autant une démission n’est pas valable et recevable la veille ou le jour de l’expiration du mandat, autant il est impossible qu’il soit remplacé par le Président de l’Assemblée Nationale parce qu’on est hors des cas et situations prévus par la constitution elle même. Si le Président partait le 2 avril sans organiser les élections, il n’y aura pas de vide juridique pour autant puisque le Conseil Constitutionnel aura la latitude et la prérogative de faire nommer un intérimaire, n’importe qui, y compris le Président sortant lui même s’il accepte, pour organiser les élections à une date impartie par le Conseil, car l’administration demeure intangible tant qu’il y a l’Etat. On se complique trop les choses dans ce pays. Nos grands-pères auraient réglé cette question rapidement autour de quelques noix de cola et d’un pot de tabac à chiquer. Arrêtons de nous compliquer la vie et cessons de mettre ce pays en danger. Le Sénégal vaut plus que nous tous.
J’ai seulement donné mon opinion. Peut être bien que les lycaons penseront que j’ai insulté leur conscience c’est leur affaire
Par Samba Traoré
Professeur agrégé en Droit et en Sciences politiques,
membre de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri)
Le Conseil constitutionnel du Sénégal vient de rendre une seconde décision retentissante par laquelle il fixe la date de l’élection présidentielle au 31 mars 2024 et règle l’intérim de la Présidence de la République après le 2 avril 2024
https://droit-et-politique-en-afrique.info/decision-du-6-mars-2024-du-conseil-constitutionnel-fixant-la-date-de-lelection-presidentielle
Cher Collègue,
Nous souhaitons tous au Sénégal de sortir très vite de cet incroyable imbroglio politico-juridique. Et nous misons sur le Conseil constitutionnel pour dicter au Chef de l’État et à la classe politique la solution de l’après 2 avril. Avec la sagesse dont il a fait preuve dans sa décision historique du 15 février 2024.
A mon sens, prolonger le Président actuel en tant qu’intérimaire serait la pire des formules pour combler la vacance inédite de la charge présidentielle. Le Président Macky Sall n’a pas la légitimité pour assurer le moindre jour d’intérim après l’annulation du décret de report du scrutin présidentiel et l’invalidation de la loi constitutionnelle prolongeant son mandat.