La responsabilité pénale d’un chef de l’Etat : la gouvernance du régime de Macky SALL en question. Par Mouhamet DIOUF

Les dispositions communautaires obligent tous les nouveaux régimes à un devoir de reddition des comptes . Dans l’exercice de cette prérogative le Président de  la République Bassirou Diomaye  Diakhar Faye a instruit au Premier ministre Ousmane Sonko une lisibilité de l’état des finances  entre 2019 et 2024.

Le jeudi 26 Septembre  2024 à 16h00 mn , les sénégalais ont écouté religieusement le premier ministre  pour un état descriptif de l’économie sénégalaise .Le spectacle n’est pas reluisant dans la mesure  où le gouvernement est obligé de gérer des urgences . Un endettement extraordinaire, des  présomptions de détournement de deniers publics, d’escroquerie aux deniers publics, de  corruption, de faux et d’usage de faux, du délit de concussion et assimilés et surtout de haute  trahison. 

Cette dernière infraction nous interpelle car peut être imputé directement au chef de l’Etat. La  haute trahison est ce qu’on pourrait appeler une infraction fourre-tout car elle n’a pas reçu une  définition légale. Au regard du droit nigérien il apparait que c’est tous actes commis par le chef de  l’Etat, le premier ministre, les ministres et leurs complices qui vont dans le sens de nuire gravement  aux intérêts du pays.

Cette infraction entre dans le champ de compétence de la haute cour de justice qui est régie par la  loi organique 2002-10 du 22 Février 2002 modifiée par la loi organique 2008-39 du 20 Aout 2008  relative à la haute cour de justice. Cette juridiction connait aussi une reconnaissance  constitutionnelle aux articles 99 et 101 de la constitution du Sénégal.

Cette juridiction à composition hybride serait compétente pour connaitre de l’infraction de haute  trahison précitée. Loin de vouloir prendre la place du législateur dans le sens du respect du principe  de la légalité criminelle ou celle du juge dans le but de trancher les litiges il apparait que ces faits  graves précités peuvent entrer dans le champ de la haute cour de justice.

Nous rappelons aussi en paraphrasant le ministère de la justice Ousmane Diagne un respect des  principes qui gouvernent la matière pénale notamment la présomption d’innocence mais il apparait  que le peuple Sénégalais dont je fais partie réclame les mesures judiciaires appropriées dans ces  cas d’espèce.

Par Mouhamet DIOUF

Docteur en droit privé et sciences criminelles

Formateur en criminologie

Expert agrée en protection des droits de l’enfant

Enseignant-chercheur en droit privé et sciences criminelles

Coordonnateur du comité scientifique  de la revue Sénégalaise de droit pénitentiaire

Directeur du laboratoire droits humains et privation de liberté de l’école nationale d’administration

pénitentiaire 

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

L’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) face aux défis de gouvernance du Sénégal : quel repositionnement stratégique ?

Pour comprendre l'importance de l'ITIE dans l'architecture institutionnelle et de gouvernance du pays, il faut jeter un regard rétrospectif sur la situation qui a prévalu avant l’adhésion du pays à cette initiative en 2013 : absence de données fiables sur la...

Journée d’hommage en l’honneur du Professeur Meissa Diakhaté

Le Cercle des amis et anciens étudiants du Professeur MEISSA DIAKHATÉ organise, à son honneur, une journée d'hommage le dimanche 26 janvier 2025 à l'auditorium de la ville de Thiès, à partir de 10 heures…

Le Premier Ministre et l’exploit constitutionnel. Par Pr Meïssa DIAKHATE

Nous le connaissons en fin stratège politique, mais le Premier Ministre Ousmane SONKO entre définitivement dans nos Facultés de droit, en décidant d’engager la responsabilité du Gouvernement sur un « projet de loi de finances ». Bien entendu, c’est un...

Sixième numéro de la Revue Africaine de Droit des Contrats Publics (RADCP) 

Veuillez cliquer sur le lien ci-dessous pour télécharger le sixième numéro de la Revue Africaine de Droit des Contrats Publics (RADCP) : RADCP N° 6 : juillet - décembre_2024

Constatation de la démission de Barthélémy DIAZ de son mandat de conseiller municipal de la ville de Dakar: parlons du droit simple. Par Khadim NDIAYE

L'acte de constatation de la démission de Monsieur DIAZ de son mandat de conseiller municipal de la ville de Dakar a suscité beaucoup de réactions.Pour certains, le Préfet n'a pas fondé son acte dans la légalité ,car estimant que les dispositions des articles L. 29 et...

Le Président Mamadou DIA, une histoire constitutionnelle jamais racontée … Par Pr Meïssa DIAKHATE

« Le 14 décembre 1962, trente-neuf (39) députés déposent une motion de censure contre le gouvernement. Toutefois, le 17 décembre lors du vote de la motion, le Président DIA fait évacuer l’Assemblée nationale par la garde républicaine et la gendarmerie ; 4...

Le compromis en finances publiques : une question de méthodes ou une méthode en questions ? Par Omar SADIAKHOU

Une lecture de la situation des finances publiques dans divers Etats laisse transparaitre une certaine idée de délabrement systémique. Un constat de crises multiformes et polymorphes. Assurément, il se dégage comme un parfum de consensus entre politiques pour...